Ecrire ou mourir

Les raisins de la colère

2001 Space Odyssey. Les images de Kubrick m’ont explosé à la figure un jour de 1974 (c’était hier !). Depuis quelques jours, elles reviennent me hanter et tout particulièrement celles de ce singe qui découvre qu’il peut tuer. L’aube de l’Homme … Sa curiosité lui permettant de dépasser sa peur pour tenter de comprendre ce qu’est ce Monolithe. Dans mon esprit, au-delà de la découverte de « l’outil », ce singe découvre la violence, le détourne de son usage initial et uniquement alimentaire, pour en faire un instrument de domination et de pouvoir. La force de ces images est démultipliée par la musique de Strauss (Richard). Je ne peux toujours pas les regarder sans en être glacée … Il a découvert qu’il peut tuer et surtout … surtout … il a découvert qu’il en tire du plaisir ! !

C’était il y a plus de 4 millions d’années et depuis, ce goût n’a cessé de s’amplifier. Tuer, dominer, faire souffrir, tout cela a depuis pris des formes plus subtiles, l’ingéniosité de l’homme étant dans ce domaine sans borne. Comme si son esprit déviant ne suffisait pas, il fréquente maintenant des écoles où l’on enseigne les formes les plus perverses de dictature. Mon grand-père disait toujours que l’être humain est fondamentalement mauvais. En terme d’espoir, Auschwitz n’était sans doute pas aussi porteur que l’ENA ou HEC (ou les autres … je ne suis pas sectaire !!!). Mais malgré ça, lorsqu’il martelait cette certitude, il l’affirmait avec infiniment d’espoir. Celui que l’homme ne puisse QUE devenir meilleur.

Je ne veux pas ici parler de la violence qui s’exerce par les armes … le Kosovo, le Darfour, l’Ukraine, le Moyen Orient où l’homme trouve bien plus lucratif d’attiser le feu que de rechercher de réelles solutions, pour le plus grand plaisir profit des actionnaires des lobbys militaro-industriels. Ce n’est pas parce que, dans une autre vie, j’ai porté les armes, que Napoléon et Hiroshima sont mes références préférées. Non, je préfère ici, laisser éclater ma colère au sujet de la violence quotidienne qui nous ronge, des formes rampantes qu’elle a prise pour qu’une poignée asservissent une masse. Quelque soit la poignée et quelque soit la masse. Je suis bien moins optimiste que mon grand-père. C’est un cimetière qu’on profane, une femme qu’on assassine, un animateur débile qu’on érige en dieu. On biberonne les gamins avec des bandes de crétins dont le talent n’a d’égal que le QI d’un bulot cuit. Et après, on voudrait faire croire à ces mêmes gamins que c’est essentiel de bosser pour décrocher leur CAP ?! !

Notre pays est malade … la démocratie en laquelle nous croyons avec tant d’acharnement n’est plus rien que le mot derrière lequel se cachent des petits chefaillons de droite comme de gauche pour nous faire marcher à leur pas. Ils ont de concert amené notre terre au bord de la banqueroute et nous recouvre de discours lénifiants et incompréhensibles pour qu’on ne rejette pas le joug. Le budget de l’Elysée a augmenté de 780 % en quelques années. Chaque mois, Bercy emprunte ce qui va payer les fonctionnaires, imitant en cela les états dits « sous-développés » que nos dirigeants pointent d’un doigt accusateur et à qui ils ont imposé, dans les années 80, des dévaluations drastiques qui les ont définitivement mis à la botte du Club de Paris !! ! Ils vont faire de bons mots sur la Muraille de Chine quand nos enfants sortent de primaire avec moins que le minimum vital de vocabulaire ou des tables de multiplication. Ils nous crachent à la figure leur bac plus mon cul (je suis triviale !) pour justifier un salaire inversement proportionnel avec leurs compétences. C’est dans le taillage de pipe d’actionnaires qu’ils excellent, le brossage dans le sens du poil du cercle de l’argent et lorsque leur amertume les étouffe, c’est sur notre dos qu’ils viennent se lâcher. Pas de salut pour les bronzés, les pas blancs, les petits, les gros, les blonds, les trop juifs ou les pas assez musulmans, ceux ne peuvent plus habiter que dans leur bagnole, ceux qu’on laisse en toute connaissance de cause, sur le bord de la route. Ceux qui relèvent la tête. Ceux qui ne la baissent pas assez.

Je ne me suis jamais reconnue dans cette nana dont le nom se réfère à la fois à notre capitale et à un hôtel. Ni hier et encore moins aujourd’hui. Je ne parle même pas de cette fratrie qui ne doit sa célébrité (et son pognon) qu’à un père qui a fait acquitter un double meurtrier dans un procès sur-médiatisé ! Ceux que ça passionne, grand bien leur fasse. Personnellement, je suis une dinosaure qui lit Edgar Morin, écoute France Musique et regarde Arte. C’est dire que je suis vraiment dans la minorité.

Minorité, façon de parler. Puisque je suis clairement dans la majorité. Mais une majorité qui va devoir la fermer et marcher droit, le petit doigt sur la couture. Oui …. Oui … c’est aussi ça la démocratie. C’est permettre à 35 % d’asséner des contre-vérités et des mensonges avérés aux 65 % restants. Et quand je dis 35 % …. nuançons camarades … 35% de 65 %. Mais qu’importe ce que pense une souris dans son coin de campagne.

Alors mes frères, continuez de vous balancer des mots doux sur la toile quand vous restez sourds au désespoir. Continuez de partir en République Dominicaine pour vos vacances, vous pourrez croire que vous êtes à égalité. Oubliez que ce sont ceux de 36 qui ont permis, par leur combat, que vous puissiez le faire. Montez dans des avions low cost qui s’écraseront faute de maintenance. Bouffez du hamburger, il vous étouffera moins que les poches plastique n’étouffent les troupeaux des Peuls depuis plus de 30 ans. Continuez de payer des loyers prohibitifs sans broncher. Prenez des crédits sur 2 générations pour un T2 surévalué pour le plus grand profit d’un promoteur véreux et de votre banquier condescendant … mais ne venez pas me gonfler mes pauvres bartholins quand les impôts vous pressurent, quand votre pouvoir d’achat est si bas que même les nouilles sont un luxe, quand vous crevez seul un jour de canicule. Pour vous, on décrète un jour de travail supplémentaire, trouvant une fois de plus une mauvaise réponse à une question qu’on ne veut surtout pas se poser.

Dans le film de Kubrick il y avait cet « ’Infini » extraordinaire. Je le voyais comme accéder à une forme supérieure de connaissance et de compréhension. Devenir infini en se fondant dans l’immensité. Je me suis accrochée longtemps à ce rêve fou qu’en devenant adulte, on devenait sage. L’humanité (avec un petit « h ») n’est clairement pas encore adulte. Loin s’en faut.

Oui, je suis violente. Violente et en colère. Intolérante puisque refuser l’intolérance, c’est déjà être intolérant. Rebelle, parce que réfléchir, c’est déjà désobéir … Mais surtout fatiguée des discours vides et des gueules de brochet. Je comprends le sentiment de mes Anciens quand ils me disaient à quel point ils étaient fatigués. Je suis fatiguée de ce monde qui n’a plus rien de drôle, d’espoir et de tendre.

Message personnel : je demande aux propriétaires de la Jaguar et du coupé Mercedes qui font régulièrement leurs courses au magasin discount de mon quartier d’aller se faire voir ailleurs. Quand on craint autant pour son capital, on ne vient pas faire chier les « pauvres » dans leurs magasins. Surtout à l’heure de la fermeture ! La prochaine fois, je crève vos pneus ou je fous le feu à vos carcasses sclérosées et cholestérolesques.