Ecrire ou mourir

Mémoire

Sommes nous comptables de notre passé ? Les allemands d’une histoire nazie alors même qu’ils n’étaient pas nés ? Les jeunes européens de l’histoire colonialistes, ou même les moins jeunes qui n’avaient que quelques mois au moment des « Indépendances » dans les années 60 ? Les musulmans de tous les pays sont-ils responsables des morts que sèment les extrémistes ? Au même titre, l’Inquisition des tortures infligées aux Templiers ?

Une nation, oui, doit admettre que son passé est fait de périodes glorieuses et d’autres qui le furent moins. Mais ceux qui la composent ? A quel titre imposer un tel fardeau à des individus qui souvent ne connaissent de cette Histoire que les bribes enseignées en classe ou transmises par quelques anciens ?

Je me glorifie du passé de résistant de mes anciens. Je regrette les actions qu’ils ont pu mener dans l’empire colonial français le peu d’années qu’ils y ont passées. Est-ce que je dois m’en excuser pour autant auprès des jeunes générations de ces pays ? Les descendants de Danton ou de Robespierre sont-ils encore de nos jours tenus pour responsables des décapitations qu’ils ordonnèrent ?

Les présidents successifs ont présenté les excuses au nom de leur nation des exactions qui furent commises en son nom. Il y a peu encore, le Japon, par la voix de son empereur exprimait ses regrets auprès du peuple britannique des souffrances imposées aux prisonniers lors de la seconde guerre mondiale. Certaines nations ont revisité leur Histoire pour la recomposer au mieux de leurs intérêts. D’autres ont assumé leur passé et à ce sujet, on peut admirer le travail de mémoire fait par les allemands, même si aujourd’hui une frange souhaiterait revenir aux « belles années » de la dictature du national-socialisme.

Je me fais traiter de colon parce que je suis blanche et française. Je peux l’entendre et je ne demande pas mieux que d’échanger avec ceux qui souffrent de leur histoire. En revanche, je refuse d’assumer des responsabilités qui ne sont pas les miennes, en particulier face à des « minots » qui ne connaissent de leur pays que des images d’Epinal. Qui n’en connaissent ni la littérature, ni même la géographie pour n’y avoir parfois jamais mis les pieds. Qui ne reconnaissent pas que depuis plus de 80 ans, leurs élites les ont plus pillés que les colons eux-mêmes. Là, où ma colère grandit, c’est quand cette génération se permet des jugements sur une histoire qu’ils ne connaissent même pas eux-mêmes et qu’ils le font bien à l’abri d’une démocratie dont ils ont la nationalité et les avantages ! Car enfin, mes grands pères se sont battus sur le sol national pour leur liberté, au prix de leur vie et de celles de leurs proches ! Ils n’ont pas eu le loisir, la possibilité ou les moyens de se mettre à l’abri pour mieux critiquer et dénoncer. Ils l’ont fait ici et eux-mêmes. Voilà ce qu’ils m’ont transmis. Se battre pour défendre sa nation, le courage, l’histoire, la mémoire …

Alors oui, il y a des décennies, voire même des millénaires si l’on veut aller encore plus loin dans l’absurde, les français des croisades ont massacrés ce qu’ils appelaient des incroyants. Les français catholiques ont massacrés des français protestants. Des français collaborationnistes ont dénoncé et massacré des français résistants. Des français sont allés par delà les mers pour découvrir des continents et s’y sont installés, en massacrant les populations locales. Oui, des nazis ont pillés les trésors des pays qu’ils ont occupés. Certains ne seront même jamais restitués alors même que l’on sait où ils se trouvent.

Ca vous va comme pensum ? Car ne vous y trompez pas jeunes gens qui avaient à la bouche la haine de l’occident, au nom de ce qui a pu être fait par nos ancêtres, vous aussi vous serez comptables de cette haine que vous propagez sans vergogne, bien à l’abri des réseaux sociaux, des sécurités sociales et des conforts de la démocratie qui vous accorde une liberté d’expression dont vous abusez. A ne pas reconnaître que le monde n’est pas manichéen, que vos élites portent elles-aussi des responsabilités dont elles devront rendre compte un jour. Vous aussi demain vous serez insultés parce que vous avez été plus égocentriques que votre propre nombril, plus imbéciles par la pauvreté de votre culture, plus idiots par la manipulation dans laquelle vous avez baigné. Vous serez comptable du rejet, du racisme décomplexé que vous aurez provoqué autant par vos réactions primaires que par le refus d’échanges constructifs et de reconnaissance de la part de responsabilité qui est aussi la vôtre. Vos petits enfants viendront vous demandez des comptes et ce jour-là, à part la haine qu’aurez vous à leur transmettre ?

Il y a longtemps que je ne m’excuse plus de rien. Il arrive un moment où les excuses, quand elles sont à sens uniques, deviennent autant d’armes que je vous fournis. Non je ne m’excuse pas de mon passé, quel qu’il fût. Je l’assume et je le revendique. Une nation est faite autant de ses bas que de ses hauts. Si demain, elle se trouvait en danger, je le dis avec force parce que je l’ai déjà prouvé, je la défendrai bec et ongles. Seriez-vous seulement capables d’en dire autant vous qui n’avez aucune mémoire parce qu’elle ne s’accorde pas avec votre vision ? Mon discours vous déplaît parce qu’il met le doigt où ça fait mal ? Le vôtre m’insupporte par son ignorance et sa bêtise. Un partout, la balle au centre !