Ecrire ou mourir

Tempête sous un crâne

Je combats ma colère … je la combats si fort … Face à un océan aussi furibond que moi, je m’en libère. Un moment, une seconde dans laquelle j’épouse la violence des vagues. J’ensable mon âme au goût d’écume à coup de déferlantes. Je hurle ma rage dans le tumulte. Je la vomis, la renvoie dans l’univers parallèle dont elle n’aurait pas dû sortir.

J’oublie ce monde qui chaque jour s’enfonce un peu plus dans l’enfer de sa crasse. Je me lave de la mienne pour ne plus avoir honte d’être humaine, ballotée de tempêtes intérieures en cyclones étrangers. Je me risque au bas de la dune, bravant l’impétuosité de l’eau. Les bras écartelés, la pluie battant mon visage, collant mes cheveux, je la mets au défi de venir me chercher. Elle enrage de ne me lécher que les pieds, je le sens, j’en tremble, j’en ris. Je tangente la folie. Je suis en danger, je côtoie l’extrême et cette sensation m’enivre. Un pas de plus et je serai emportée … loin … n’être rien de plus qu’un de ces bois lavés qui finissent échoués sur le sable.

Je ne suis pas seule. Un peu plus haut, une silhouette, immobile, face au vent. Je fais demi-tour. Les solitaires n’aiment pas qu’on leur apprenne à parler dans ces moments-là …